Raqs al-masrî, une danse millénaire
Il faut remonter à la période prédynastique ancienne (4500 AV J.C) et au temps des premiers pharaons pour voir apparaître les premières danseuses. Danse sacrée symbolisant la fertilité et louant les déesses Egyptiennes, la femme, à cette époque, égale à l’homme au regard de la loi, était considérée comme un être magique symbolisant notre terre matrice.
On peut parler de danseuses professionnelles au début de l’ancien Empire (2800-2300 AV J.C). Elles étaient à la fois musiciennes, chanteuses et acrobates.
C’est à partir du moyen Empire (1900 AV J.C) que la danse orientale Egyptienne acquit un style fluide et féminin influencé par les vagues d’immigration successives d’Asiatiques, d’Indiennes et de danseuses d’Afrique noire.
Danse d’Almées, à Sihout, Egypte
De la période Byzantine jusqu’au XXème siècle – Principaux styles de danses Egyptiennes :
Les danses folkloriques (Shaabi)
Les principales peuvent remonter en 642 après JC comme la danse des Bédouins (Kaffala), les danses de Nubie (XI ème siècle), danse des Fellahin (paysans), les danse gitanes ((XVI ème siècle) Ghawazi), les danses Soudanaises (Rongo), danse Saïdi ou danse du bâton (tahtîb)…
Danses de cour (Samah)
La consolidation de la musique arabe entre le Xème et XXème siècle à créé un style de danse de cour très sophistiqué et savant. Les danseuses des palais, souvent appelées les almées (awalées), étaient des artistes complètes : chanteuses, poétesses, danseuses et musiciennes.
Les danses sacrées (Dhikr)
La danse des derviches tourneurs (XIIIème siècle).
Les danses populaires locales (raqs al-baladî)
Ce style de la fin du XIXe siècle fut très convoité durant une cinquantaine d’année par les danseuses folkloriques des villages s’exilant dans les villes et créant un style nostalgique et joyeux à la fois.
Audrey Bordereau dansant le baladi, spectacle 2016
Naissance du Raqs Sharqi et déclin de la danse professionnelle
A la fin du XIXème siècle, le développement du tourisme en Egypte induit une renaissance de la danse professionnelle. Au fil du temps le costume baladî des danseuses populaires locales évolua passant d’un sarouel, d’une longue tunique et d’un foulard noué à la taille à un costume de plus en plus dénudé. C’est aussi à cette époque que l’on donna le nom galvaudé de « danse du ventre » à la danse orientale Egyptienne.
Le renouveau artistique des années 1920 lui valut la nouvelle appellation de « raqs Sharqî » où les danseuses se mirent en scène dans les cabarets des grandes villes.
Le costume s’orna de strass, de paillettes et de pierreries inspirés par les actrices et danseuses Américaines. Le vocabulaire s’élargit et les danseuses célèbres comme Tahia Carioca, Naïma Akef, Samia Gamal ou Badiaa Masabni collaborèrent avec de grands compositeurs de l’époque comme le chanteur Farid El Atrache, le compositeur Mohammed Abdel Wahab ou le chorégraphe Ibrahim Akef.
A partir des années 60 l’art chorégraphique et musical décrut et la « danseuse du ventre » vint pour les touristes agrémenter un dîner exotique ou une croisière sur le Nil. Les spectacles de pacotille envahirent le marché et participèrent à l’appauvrissement artistique et technique de cette danse matricielle.
Références bibliographiques et musicales :
HENNI-CHEBRA Djamila et POCHE Christian, les danses dans le monde arabe ou l’héritage des almées, ed L’Harmattan, Paris, 1996. www.djamila-henni-chebra.com
RECOLIN Virginie, introduction à la danse orientale, pratique du mouvement spiral, ed l’Harmattan. www.virginierecolin.com
ZARCONE Thierry, Le Soufisme, voie mystique de l’Islam, ed Découverte Gallimard.
SEIF Khaled, Musiques, Rythmes et Danses d’Orient, pas d’éditeur.
MURAD Awlad et EL MINYAWI Ibrahim, CD Al Masdar, produced by tanz raum, 2007. www.tanz-raum.com